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Inégalités territoriales : aggravation ou changement de nature ?


Avec le succès médiatique des thèses largement controversées d’un géographe, la question des inégalités territoriales est passée du registre de l’expertise scientifique à celui du débat politique. En mettant en avant la fracture entre les métropoles et la « France périphérique », Christophe Guilluy a réactivé une représentation collective qui a la vie dure, fondatrice du modèle républicain français, et qui consiste à opposer la ville et la campagne. Cette thèse de l’aggravation des inégalités territoriales – induite par le développement des métropoles – vient d’être sérieusement nuancée par la publication d’une note officielle de France Stratégie consacrée au sujet. Bien que les commentaires y aient vu la confirmation d’une lecture en strates de population, opposant la bonne santé des plus grandes villes à la fragilité des territoires de moindre densité, les analyses et cartographies de cette note révèlent un autre processus.

D’un point de vue national apparaît moins un clivage entre les métropoles et les autres territoires qu’une rupture d’ordre géographique entre la France du Nord-Est, et celle de l’Ouest et du Sud. S’il est vrai que sauf exceptions (Strasbourg, Nice) les métropoles se portent bien partout, la catégorie des villes moyennes implose et la santé de ces dernières reflète ce clivage. Qu’elles bénéficient d’un moteur économique dynamique (l’aéronautique par exemple, à Issoire ou Figeac) ou qu’elles tirent parti de leur attractivité résidentielle (Albi ou Saint-Flour parmi bien d’autres), la plupart des villes petites ou moyennes du Sud se développent.

Évolution du PIB par habitant relatif dans les régions du nord-est et du sud-ouest (100 = moyenne pour la province). Insee, calcul France Stratégie

Quelle leçon tirer de ce constat géographique ? Il n’existe pas de handicap structurel lié à la faible taille démographique, tout comme il n’y a pas d’exclusivité au développement des métropoles. La globalisation ne s’arrête pas au périmètre des métropoles, et nombre de territoires de taille plus modeste en bénéficient. Les inégalités territoriales changent de nature : elles n’opposent pas des strates de territoires, mais davantage ceux qui sont en capacité de tirer parti de la globalisation et ceux qui le sont moins. De part et d’autre, on trouve à la fois des territoires ruraux et métropolitains.


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